La maladie hollandaise de l’orme
24 Juil 2018
L’orme est un arbre magnifique qui avait autrefois été sélectionné pour son déploiement rapide et sa résistance aux vents violents. On l’appréciait aussi pour son port en forme de parasol qui se développe beaucoup en hauteur, permettant de dégager naturellement les bâtiments. Il s’agit d’un arbre qui tolère bien le compactage du sol et le sel de déglaçage ainsi que la pollution urbaine. Malheureusement, la maladie hollandaise de l’orme s’est acharnée sur cette espèce indigène, de sorte qu’elle a presque aujourd’hui disparu. La violence avec laquelle cette maladie attaque nos arbres fait penser à l’agrile du frêne : dès que l’on voit les premiers symptômes, il est bien souvent trop tard. Pourtant, il n’est pas inutile de parler encore aujourd’hui de cette maladie puisque les ormes n’ont pas totalement disparu et qu’il serait optimal de les conserver pour le patrimoine de la forêt urbaine.
Les deux espèces d’ormes indigènes du Québec qui sont les plus vulnérables à la maladie hollandaise de l’orme sont l’orme d’Amérique et l’orme rouge. On peut aussi mentionner l’orme liège, mais celui-ci n’est pas aussi répandu au Québec. Si les deux espèces se ressemblent, on peut les distinguer par la couleur rougeâtre des ramures de l’orme rouge, un peu comme l’érable rouge.
Certaines espèces, cependant, sont plus résistantes à la maladie hollandaise de l’orme. On peut compter sur l’orme Homestead, l’orme de Sibérie et sur l’orme de Sibérie Park Royal, de même que sur l’orme parasol qui est plutôt un arbuste.
Description de la maladie
Le ravage des ormes a commencé en Hollande en 1919. En 1944, on aperçoit l’action dévastatrice sur nos arbres à Saint-Ours au Québec. Dans les 15 années qui ont suivi l’introduction de cette maladie, plus de 700 000 ormes ont été infestés. À ce jour, toute l’aire de répartition de l’orme d’Amérique est porteuse de la maladie.
Il s’agit d’une maladie qui affecte le système vasculaire. Les vaisseaux conducteurs de sève se trouvent à être obstrués par le développement de l’agent pathogène. La maladie peut se propager par le contact des racines entre les arbres vulnérables.
Les symptômes à observer commencent par les feuilles qui se dessèchent et brunissent. On constatera l’anomalie du phénomène par le fait qu’il se produira de juin à juillet. Par la saison dans laquelle apparaissent ces symptômes, on s’inquiétera de voir cela arriver alors que ce n’est pas même l’automne. Les feuilles tomberont par ailleurs prématurément si l’infection a lieu plus tard dans la saison. À un stade plus avancé de la maladie, on constatera que les feuilles sont plus petites que la normale et que l’arbre commence à avoir beaucoup de branches mortes. Une fois l’arbre mort, il sera possible d’examiner les galeries de larves entre l’écorce et le bois.
Prévention et guérison
Contrairement à l’agrile du frêne, il ne s’agit pas de traiter un arbre à la fois. Les insectes ravageurs de l’orme, que l’on appelle les scolytes, se reproduisent d’abord sur les arbres affaiblis. Les insectes qui émergent alors en mai iront se nourrir sur les ormes sains et transmettront la maladie à ceux-ci par les spores de champignons qu’ils portent. La lutte est donc contre une maladie à deux vitesses : l’insecte et le champignon.
Le livre « Principales maladies des arbres au Québec » donne quatre conditions à respecter pour que la lutte contre cette maladie soit efficace. D’abord, à cause de ce processus particulier, le traitement de l’orme ne peut pas être efficace au singulier, il faut traiter les ormes par territoires, par villes. Puis, chaque arbre sur le territoire doit être traité, aucun ne peut être négligé. L’abattage et l’élagage doit aussi être fait de sorte à n’oublier aucun arbre : abattre et essoucher les arbres infestés, élaguer les branches atteintes, sans oublier l’élimination des résidus d’arboriculture. Si un arbre est atteint à moins de 5 % à 10 %, il est possible de prévenir l’infestation si la totalité des parties infestées est enlevée et détruite. On suggère ensuite le remplacement des arbres par des variétés résistantes à la maladie. Puis, il faut consulter un spécialiste qui pourra se pencher sur la lutte contre les insectes et les champignons. Il est possible d’envoyer des échantillons d’arbres à la Direction de l’environnement et de la protection des forêts qui disposent d’un laboratoire pour faire les tests.
Pour sauver les ormes, un programme à grande échelle, ou du moins, à échelle municipale, doit persister tant et aussi longtemps que l’on veut préserver l’espèce. Dès qu’il y a une négligence, la maladie peut ravager rapidement les ormes.
Aujourd’hui et dans l’avenir
Il est normal de ne pas se sentir encouragé par le portrait donné ci-haut. Il ne faut toutefois pas désespérer. En effet, une découverte récente permet de croire que tout n’est pas perdu : des individus parmi les ormes d’Amérique auraient été trouvés aux États-Unis et en Ontario qui résistent à la maladie, selon Louis Bernier, professeur au département des sciences du bois et de la forêt de l’Université Laval. Le travail horticole de multiplication est déjà entamé et promet de sauver l’orme Américain contre la disparition totale.
Il faut retenir ceci, que la lutte contre la maladie hollandaise de l’orme est différente de celle contre l’agrile du frêne. Si vous faites traiter votre frêne en prévention et que votre voisin ne le fait pas, cela ne change rien pour vous. Cependant, le combat contre la maladie hollandaise de l’orme demande un effort concerté et commun. Il n’est donc pas impossible de ralentir la maladie dans ses propres arbres, mais, si elle n’est pas détruite de façon macroscopique, elle reviendra toujours. Par exemple, la ville de Québec a mis sur pied un plan de surveillance et d’intervention rapide qui leur permet encore aujourd’hui de profiter de leurs ormes. Tandis qu’à Montréal, la quasi-totalité des 35 000 ormes qui ornementaient autrefois les rues est disparue.
Pour ceux qui en ont la volonté, il existe un traitement d’injection, similaire au TreeAzin pour l’agrile du frêne. Parmi les vaccins disponibles, il y a l’Arbotect. Le traitement se fait par macro-infusion de plusieurs litres d’eau contenant un fongicide qui combattra le pathogène propagé par les scolytes. Toutefois, il ne faut pas attendre d’apercevoir les symptômes puisque le traitement est surtout efficace lorsqu’il est appliqué en prévention de la maladie. Un traitement peut protéger un orme jusqu’à trois ans.
Bibliographie
Pellerin, Gervais, et Hydro-Québec, Répertoire des Arbres et Arbustes Ornementaux: 1760 Espèces et Variétés de Végétaux du Québec, Gouvernement du Quebec, publications vendues, 2010.
Innes, Louise et al., Principales maladies des arbres au Québec, Québec, Publications du Québec, 2006.
Bertrand, Normand et al., Les arbres du Québec, [Québec], Gouvernement du Québec, Ministère des forêts, 1991.
Crockett, James Underwood, et Françoise Vigié, Arbres et arbustes, [S.l.], Time-Life International (Nederland), 1978.
http://www.mffp.gouv.qc.ca/forets/fimaq/insectes/fimaq-insectes-maladies-hollandaise.jsp
http://ici.radio-canada.ca/regions/quebec/2015/08/17/008-maladie-orme-ete-difficile.shtml
http://ici.radio-canada.ca/regions/mauricie/2015/07/22/002-ormes-abattus-sanctuaire-trois-rivieres.shtml
http://www.partenariat.qc.ca/pdf/15_09_04/maladi_orme.pdf
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