Comment choisir un arbre pour mon jardin
02 Août 2018
Sommaire
- Privilégier la biodiversité et la résistance face aux conditions urbaines
- Vérifier la vulnérabilité aux maladies répandues
- Pertinence en fonction du type de sol
- Dimensions proportionnelles au milieu
- Prévoir les besoins en élagage
- Établir le rôle de l’arbre (ombre, intimité, coupe-vent, ornement, etc.)
- Éviter les essences nuisibles
Il existe de nombreux arbres que l’on peut choisir pour son jardin, mais il peut être difficile de choisir le bon juste en regardant une photo accrochée sur un petit arbre dans une pépinière. Plusieurs considérations entrent en ligne de compte. Il y a des considérations d’ordre écologique que nous voulons aborder, car nous croyons que le choix d’un arbre devrait se faire en fonction du bienfait de l’arbre comme tel pour notre environnement. Ces bienfaits peuvent aller de la stabilisation du sol à la nourriture pour les animaux, de la capacité à vivre avec peu d’eau à la résistance à la pollution. Certains arbres introduits devraient même être bannis à cause de leur nuisance envers les autres végétaux. Il ne faudra pas oublier de bien évaluer le terrain en fonction de l’espace et des structures pour que l’arbre mature puisse s’y adapter avec harmonie. Bien sûr, il faudra aussi discuter de l’aspect esthétique. Nous voulons aussi aborder les différents objectifs personnels qui peuvent entrer en ligne de compte comme le besoin d’ombre, d’intimité, de réduction du bruit, etc.
La polyarboriculture indigène
Nous ne le répéterons jamais assez souvent : la monoculture est nuisible. Dans une monoculture, c’est un nombre restreint d’insectes et d’animaux qui peuvent se nourrir, et cela peut causer de nombreux problèmes écologiques. Nous avons parlé largement de ce sujet ailleurs, notre but ici est de rappeler que la biodiversité est importante. Ainsi, dans le choix d’un arbre pour son jardin, une simple petite intention peut faire toute la différence. On n’a qu’à regarder autour de soi et identifier les arbres qui abondent. Par exemple, les quartiers où abondent les frênes vont bientôt se retrouver sans arbres à cause de l’agrile du frêne. Si le principe de polyarboriculture avait été appliqué, ces quartiers auraient pu préserver une partie de leurs arbres. Ainsi, dans le cas où mes voisins auraient certaines essences d’arbres en abondance, il pourrait être souhaitable pour la biodiversité et l’esthétique de choisir un arbre différent.
Le choix d’un arbre indigène peut aussi être de mise pour diverses raisons. Les arbres ont évolué avec leurs milieux depuis des milliers d’années, ce qui crée un équilibre et une codépendance avec la faune. C’est toute une chaîne alimentaire qui se trouve perturbée lorsque nous détruisons les forêts pour construire des villes, pour ensuite introduire des espèces d’arbres non indigènes. Ces espèces introduites attireront une faune étrangère à l’écosystème concerné, et un déséquilibre se crée. Par ailleurs, les arbres indigènes seront toujours mieux adaptés à nos climats et à nos sols. Le choix d’un arbre indigène est donc un choix avantageux sur bien des aspects. Toutefois, des arbres introduits peuvent provenir d’une région qui n’est pas si lointaine. Le févier, par exemple, est rustique du centre des États-Unis, dont la faune n’est pas si différente de la nôtre. L’érable de Norvège, en revanche, a des effets néfastes sur nos forêts, on déconseille donc sa plantation au Québec.
Pour trouver un arbre dont la rusticité correspond à votre région, nous vous suggérons d’utiliser l’outil en ligne d’Hydro — Québec, facile à utiliser : https://arbres.hydroquebec.com/recherche-arbres-arbustes/
La résilience en milieu urbain
Bien que la diversité et la rusticité soient des aspects importants, ceux-ci ne doivent pas avoir priorité sur la capacité à survivre à nos conditions urbaines. Un érable à sucre est certainement un arbre magnifique et indigène du Québec, mais il ne tolère pas bien la pollution atmosphérique et le sel de déglaçage. Il ne convient donc pas pour une plantation en façade devant un grand boulevard montréalais. En revanche, l’érable argenté est un arbre indigène qui supporte très bien les diverses pollutions des zones urbaines, mais son enracinement est envahissant et son port à maturité peut atteindre plus de 14 mètres de largeur, ce qui restreint son usage dans les milieux limités en espace.
Quoi qu’il en soit, mieux vaut opter pour un arbre qui résistera à nos conditions urbaines. Rien ne sert de vouloir contribuer à la faune et à l’équilibre écologique si cette intervention n’offre rien en matière de résilience. Il faut donc réfléchir à notre verglas (ce qui peut exclure le bouleau), le sel de déglaçage, le dioxyde de carbone, etc. Les fiches dans le guide d’Hydro-Québec mentionnent ces caractéristiques en fonction de la capacité des arbres à y résister.
Maladies et insectes
Il va de soi qu’on ne devrait pas planter un frêne, à moins de vouloir le traiter pour les prochaines décennies. D’ici le temps que les scientifiques trouvent une solution permanente contre l’agrile du frêne, mieux vaut s’abstenir.
L’orme d’Amérique est également à éviter, ses populations ayant été décimées par la maladie hollandaise de l’orme, il ne constitue pas un bon choix pour son jardin. À l’exception de la région de la ville de Québec, aucune intervention macroscopique n’a été entreprise contre cette maladie, ce qui est précisément nécessaire pour sauver les ormes (contrairement aux frênes que l’on peut traiter un à la fois sans se soucier des autres frênes).
Côté esthétique, les variétés de prunus devraient également être évitées. La maladie du nodule noir finit généralement par l’atteindre et envahit ses branches avec ce qui ressemble à de gros morceaux de charbon.
Tous les arbres ont une certaine vulnérabilité aux insectes et aux maladies. Les trois espèces d’arbres que nous venons de mentionner sont les principaux à éviter, car leur traitement est de difficile à impossible.
La terre et l’eau
Toujours en vous fiant au guide d’Hydro-Québec, vous pourrez voir quel arbre correspond le mieux au ph, à l’humidité et à la texture de votre terre. En effet, certains arbres consomment beaucoup d’eau, ce qui peut dessécher la terre, d’autres en consomment moins. La situation de la terre peut aussi concerner la situation géographique. On peut avoir intérêt à planter des arbres aux racines envahissantes dans des milieux à risque de glissement de terrain ou près d’une bande riveraine. Il s’agit de la meilleure tactique écologique pour stabiliser la terre là où s’en présente le besoin.
Espace, forme, structures, fils
Il s’agit d’un point capital, qui doit avoir priorité sur l’apparence de l’arbre en sa jeunesse. On peut tomber en amour avec un arbre à cause de la couleur de ses feuilles et de son écorce, l’apparence et l’odeur de ses fleurs, etc. Or, l’arbre a une hauteur et une largeur prédéterminée par sa génétique. L’intention de le tailler pour le garder petit est généralement une mauvaise idée pour les arbres à grand déploiement. Ce genre de taille appartient plutôt aux arbustes. Ainsi, les fiches des arbres nous indiquent les ports à maturité des arbres. Il faut considérer ces mesures et calculer l’espace que nous avons. Par exemple, on peut vouloir planter un arbre en dessous des fils électriques, mais il faut s’assurer que la hauteur ne forcera pas la nécessité d’élagages fréquents qui défigureront l’arbre.
La forme de l’arbre est souvent différente entre la jeunesse et la maturité. Les jeunes arbres sont généralement symétriques, mais certains deviennent irréguliers en avançant en âge. Les tailles qui consistent à imposer une forme aux arbres sont déconseillées, car elles nuisent à leur santé. Mieux vaut prévoir le port à maturité, en se fiant aux fiches de chaque arbre. Un port globulaire, ovale, pyramidal, évasé ou irrégulier, tous les goûts sont dans la nature et chacun peut apporter un aspect esthétique favorable pour un endroit en particulier. La devise est de laisser l’arbre nous imposer sa forme, plutôt que d’imposer une forme à l’arbre.
Les besoins en élagage
Certains arbres nécessitent plus d’élagage que d’autres. Les essences à déploiement rapide ont tendance à former des défauts structurels, en plus d’entrer en contacts plus rapidement avec les bâtiments. Une essence à déploiement plus lent prendra plus de temps à jouer son rôle ornemental, mais ce n’est qu’avec parcimonie que l’on aura à intervenir pour des travaux arboricoles.
Les besoins et goûts personnels
Il existe plus d’une raison de vouloir un arbre dans son jardin. On peut chercher des fleurs magnifiques, des fruits délicieux, de l’ombre, un coupe-vent, de l’intimité, du silence, un ornement rustique, un ornement sculpté, une coloration automnale, etc. Tout ceci peut être recherché à l’aide de fiches compréhensives. On pourra aussi tenter de joindre nos objectifs personnels à ceux de l’environnement, c’est-à-dire tenter le mieux possible de faire correspondre notre choix d’arbre aux besoins locaux en biodiversité, en résilience et en rusticité.
Logiquement, si l’on veut un arbre d’ornement, mais que l’on veut conserver l’ensoleillement dans sa piscine, mieux vaut un arbre avec un port léger qu’un port dense. Mieux encore qu’il ne dépasse pas une certaine hauteur. En revanche, un arbre avec un port dense comme le tilleul pourra donner de l’ombre et de l’intimité. Il est donc recommandé de se demander pour quelle raison on veut planter l’arbre. Les objectifs établis, il ne reste qu’à trouver l’arbre le plus approprié pour votre situation.
Arbres à éviter
Hormis les arbres vulnérables aux maladies et insectes que nous avons mentionnés, il existe des essences qui ne trouvent pas leur place en milieu urbain. Par exemple, le peuplier est un arbre cassant, à croissance rapide, dont la hauteur peut atteindre plus de 28 mètres et dont la pollinisation est très salissante et désagréable. Avec l’espace généralement restreint en milieu urbain, il s’agit d’un arbre à éviter.
Un autre exemple est l’érable à guigère. Bien que celui-ci ne cause pas autant de désagrément que le peuplier, sa valeur ornementale est extrêmement faible. Il pousse partout où il ne devrait pas (sa semence prend vie très facilement), il a même tendance à survivre aux abattages, et son esthétique laisse à désirer, car sa forme est souvent crochue. Il n’est pas rare de voir des érables à giguère pousser entre un cabanon et une clôture, se courbant dans tous les sens entre les obstacles pour atteindre une zone ensoleillée.
L’érable de Norvège peut aussi trouver sa place parmi les arbres à éviter, ce qui est bien dommage, car il s’agit d’un très bel arbre. La raison est que son introduction en Amérique cause des dommages aux populations d’arbres indigènes dans certaines de nos forêts. Poussant plus vite, et poussant en largeur, il a tendance à freiner le développement des bouleaux et des érables à sucre.
Conclusion
Une simple visite à la pépinière ne suffit pas lorsqu’on projette la plantation d’un arbre. Il s’agit d’un geste qui peut avoir d’énormes répercussions à long terme, tant sur l’aspect d’une propriété et de ses structures que sur le plan plus général de l’écologie. Puisque l’arbre, lui, prendra son temps à grandir et pour donner ce qu’il a à offrir, mieux vaut, pour nous aussi, de prendre notre temps pour évaluer nos besoins, notre espace ainsi que l’impact sur la biosphère. Le choix judicieux d’un arbre en fonction de son emplacement peut, à grande échelle, améliorer la valeur d’une propriété, ainsi que la qualité de vie des citoyens.
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Bonjour,
excellente source d’information sur les différentes plantations possible près de sa propriété, mais il y a une chose dont vous ne parlez pas et c’est les racines, est-ce que vous savez comment se développent les racines. Est-ce vrai qu’on ne devrait pas planter un érable à moins de 75 pieds de notre maison. Je souhaite une réponse pas rassurante, mais réaliste et actuelle. Merci
Tout dépend de l’essence de l’arbre. Il est conseillé d’avoir une distance d’au moins 3 mètres avec la maison pour assurer qu’il n’y ait pas de contact avec les racines ligneuses et la fondation. Du reste, un chêne par exemple, pourrait en théorie causer des dommages à des fondation à plus de 30 mètres de distance. En considérant cela, il faudrait couper tous les arbres dans nos villes si nous voulions être certain qu’aucun dommages ne pourrait avoir lieu. Une distance de 75 pieds ne sera donc pas la norme pour la plantation d’un érable, mais la distance assurée à 100% qu’aucune racine ne puisse atteindre la fondation.
Bonjour,
C’est tres intéressant de vous lire. Mon inquiétude c’est la plantation de 5 Amour Maple, acer ginnala, en rang d’oignon, près de la ligne mitoyenne. Plus rien ne survit et je viens d’en enlever environs 50 nouvelles pouces de l’arrière cour qui mesure 50 pieds X 50 pieds. Ou dois-je m’adresser?
Cela est bien surprenant étant donnée la résilience de cette essence. Il faudrait consulter un expert qui pourrait analyser le sol.
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