L’arbre et ma sécurité
01 Juin 2022
Avez-vous déjà été surpris par l’attitude d’un proche face à votre jardin? Vous avez un érable argenté en arrière-cour que vous adorez, il donne tellement d’intimité, il attire les oiseaux, il est juste…beau. Votre oncle, homme à tout faire, vient faire un tour pour un BBQ. Il fixe votre arbre, et se décide enfin à parler.
– « Tu ne t’inquiètes pas pour ta sécurité ? »
– « Mon oncle, de quoi tu parles ? »
– « Ton arbre cher, c’est quand la dernière fois que tu l’as fait élaguer ? »
– « Hmmm, ce n’est jamais arrivé. Je crois que le propriétaire d’avant l’avait fait faire il y a plus de dix ans ».
– « Je ne suis pas expert, mais je vois beaucoup de branches mortes, tu devrais appeler un arboriste. Autrement toi, ou tes enfants, pourriez vous prendre une branche sur la tête. »
Je donne ici un scénario optimiste. De la vieille école, votre oncle vous aurait peut-être conseillé d’abattre l’arbre ou de réduire sa hauteur. Il l’aurait peut-être fait avec un de ses amis. Mais, ici, il a raison, il y a toujours l’élément de sécurité qui est à surveiller. Appeler un arboriste, c’est gratuit, et ça permet d’avoir l’heure juste. C’est l’un des rôles fondamentaux de l’arboriste : rendre l’arbre sécuritaire. Et ceci, grâce à la science arboricole, car celle-ci permet de cibler les dangers et d’y remédier. Plusieurs choses sont à prendre en considération pour la sécurité d’un arbre.
Il faut commencer dès la plantation, car il y a des éléments à surveiller qui feront une différence dans le développement de l’arbre. Or, une fois les jeunes arbres plantés, ils sont trop souvent laissés à eux-mêmes. Plus tard, l’arbre mature peut développer des défauts ou des maladies qui augmentent les risques. Viennent aussi jouer un rôle le climat, la faune, et, en particulier, les êtres humains. Puis, les risques augmenteront à mesure que l’on place des structures en dessous.
J’aimerais vous présenter ici les faits les plus importants sur la sécurité des arbres. En vous les présentant, j’en profiterai aussi pour expliquer les solutions qui sont à votre disposition grâce à la science arboricole.
La plantation et le suivi
Les premières années de vie d’un être humain sont reconnues comme les plus marquantes. Ce sont des années qui développent les fondations pour le futur. C’est pareil pour un arbre. Avant même sa plantation, il doit recevoir un soin conceptuel.
D’abord, la rusticité : l’arbre est-il adapté pour notre climat ? Planter un arbre qui est habitué à des climats chauds dans les Laurentides, ça risque de donner un arbre avec des problèmes.
Ensuite, le sol. Quel type de sol permet à l’arbre de s’épanouir ? À la limite, on peut amender le sol pour l’adapter à l’arbre, mais l’idéal est de le planter dans un milieu où le sol sera sa maison sans interventions.
Puis, la pollution. Si vous êtes dans un quartier actif de Montréal, mieux vaut opter pour une espèce résiliente, car certaines ne supportent pas du tout les conditions en ville.
Toutes ces informations se trouvent dans les fiches détaillées des arbres que l’on peut trouver dans des livres comme le manuel d’Hydro-Québec.
Mais, il faut encore connaître un dernier détail important, et il s’agit de la grosseur de l’arbre à maturité. On aime l’aspect d’un jeune arbre à la pépinière, mais il faut consulter la fiche pour prévoir ses dimensions une fois mature. En considérant les proportions, on pourra faire un choix éclairé pour l’emplacement, de sorte que l’arbre n’entre pas en conflit avec les structures urbaines.
Quel est le rapport avec votre sécurité ? Tout ! Si l’arbre est bien choisi, qu’il est bien adapté à notre climat, qu’il est planté dans la bonne terre et que son environnement n’entre pas en conflit avec son développement, on met déjà les chances de notre côté pour que l’arbre reste sécuritaire.
Par exemple, un arbre qui tolère mal nos hivers, qui est planté dans un sol mal adapté et qui est à proximité d’une piscine représente un risque pour la sécurité. Les hivers lui créent des engelures et il absorbe mal les nutriments du sol, il est donc moins solide. En plus, il est près d’une piscine. Si une branche devait tomber et causer des dommages à la piscine, quel est l’élément « coupable » ? Peu importe la cause directe, si l’arbre avait été planté à un endroit mieux adapté, ou si une essence pertinente avait été plantée à sa place, l’accident n’aurait peut-être jamais eu lieu.
Maintenant, disons qu’il s’agit d’un nouveau développement de condominiums et une entreprise plante des jeunes arbres tout autour du projet. Fin. Aucun suivi. Les arbres sont plantés et stabilisés par des tuteurs, et aucun expert n’est à l’appel pour inspecter leur évolution. Catastrophe ! Un jeune arbre en milieu urbain a besoin d’être surveillé.
D’abord, il faut former le jeune arbre en projetant son futur port en rapport avec son emplacement. Ainsi, près d’un stationnement, on ne tarde pas à enlever les branches basses qui pourraient éventuellement nuire aux voitures ; près des fils ou d’une bâtisse, on taille l’arbre en prévoyant la direction des branches. Ce faisant, on empêche les interventions excessives dans le futur, c’est-à-dire qu’au lieu d’attendre qu’il y ait une grosse section d’arbre problématique, on modèle l’arbre au début de son développement pour que la grosse section problématique n’existe jamais. C’est aussi une blessure de moins pour l’arbre. On forme l’arbre, ainsi, en fonction de l’environnement immédiat, et pour éviter les défauts de structures. Les branches qui ne respectent pas la structure de l’arbre sont retirées, comme celles qui frottent sur les autres, ou celles qui sont mal ancrées. En intervenant dès la jeunesse de l’arbre, on prévient des problématiques pour la sécurité avant qu’elles ne surviennent. Magie !
Parlons aussi du tuteur. Il arrive qu’un tuteurage soit tellement négligé que la barre de métal se trouve fusionnée avec l’arbre, et il devient alors impossible de le retirer. On oublie peut-être à quoi il sert. Le tuteur est joint à un arbre dès sa plantation pour permettre à celui-ci de s’enraciner avec de l’aide pour le stabiliser contre le vent. Mais, comme surprotéger un enfant l’empêche de devenir autonome, le tuteur, s’il est laissé plus de deux ans, nuit au développement de l’arbre. C’est que, une fois enraciné, l’arbre a besoin d’être stimulé (je ne fais pas exprès pour que ça ressemble au développement de l’enfant). Les mouvements provoqués par le vent aident l’arbre à produire du bois au niveau du tronc et à répandre les racines, car la stimulation est un signal pour l’arbre qu’il faut plus de résilience. Mais si le tuteur est laissé, l’arbre en est dépendant, et il ne se développe pas adéquatement.
Et la sécurité ? Eh bien, un arbre qui n’a pas suffisamment produit de bois résilient et dont l’enracinement est demeuré superficiel à cause d’un tuteurage excessif est moins solide. Il est plus susceptible de se déraciner ou de casser, car il n’a pas été exposé au vent. Ainsi, la sécurité de l’arbre, ça commence par le commencement, dès la plantation. Le lieu, la terre, le climat, et aussi le suivi, doivent être assurés pour produire un arbre mature solide et en bonne santé.
Les solutions arboricoles vont de soi. Vous pouvez consulter le manuel d’Hydro-Québec pour prendre connaissance des fiches pour la rusticité, les types de sols, la résistance à la pollution, les emplacements et la grosseur à maturité. Et, dois-je le répéter, appeler un arboriste ne coûte rien. Celui-ci peut vous conseiller, et il peut vous préparer un plan d’intervention pour l’inspection, l’entretien et la formation de vos jeunes arbres.
Les défauts dans l’arbre et les maladies
Parlons maintenant des arbres plus matures. Certains défauts peuvent être prévenus dès la jeunesse des arbres, mais il est inévitable que certains arbres en milieu urbain se retrouvent avec des défauts de structure ou des maladies. Comptons le bois mort comme un défaut, si on le veut bien. Tous les arbres en ont, tôt ou tard. Ensuite, il y a les fourches faibles ou incluses et les codominances, la pourriture, les caries, les chancres, et les maladies proprement dites. Plus on dénombre de tels défauts dans un arbre, plus votre sécurité est compromise.
Pour le bois mort, c’est assez simple : celui-ci peut tomber à tout moment, sans avertir. Je dis « à tout moment », car, contrairement à une chute pendant une tempête, il n’y a pas d’événement majeur qui la provoque. Plus les branches mortes sont nombreuses, plus il y aura des risques de chutes et de dommages. Et, plus les branches mortes sont grosses, plus les dommages seront sérieux. La solution est directe : ici, on retire le bois mort et on vient d’éliminer les risques.
Les fourches faibles ou incluses et les codominances, contrairement au bois mort, ne sont pas évidentes à identifier pour ceux qui ne connaissent pas le métier. Il s’agit de fourches dont l’angle est trop faible. Pour la codominance, ça se ressemble, sauf qu’il s’agit de branches qui donnent l’impression de vouloir prendre la place de la tête. Dans les deux cas, on les reconnaît généralement par la présence d’écorce insérée dans la jointure. La fourche faible est mal ancrée, l’écorce incluse attire la pourriture, elle a donc plus de risques de laisser tomber la section qu’elle supporte survenant une intempérie. L’idéal est d’éliminer la présence de ces fourches lorsque l’arbre est encore jeune. À l’âge adulte, enlever certaines fourches faibles peut signifier d’enlever trop de masse foliaire, il faut donc trouver une autre solution. On peut réduire les sections aux fourches faibles, question d’enlever du poids. Autrement, si la section est importante pour la santé de l’arbre, on peut haubaner, c’est-à-dire attacher la section à une autre, et ainsi éliminer le risque qu’elle tombe.
Les caries et les chancres, dépendamment de l’endroit où ils sont placés, sont souvent un signe que la mort de l’arbre s’annonce. Pas nécessairement de manière imminente, l’arbre pouvant vivre avec ces cavités pendant des années encore, si l’on calcule bien le risque. Des chancres ou des caries, des trous pour faire simple, peuvent parfois être infectés de pathogènes. Si le trou grossit au fil des années, c’est qu’il est infecté. S’il rétrécit, qu’il guérit en d’autres mots, alors il n’est pas infecté.
Avec un trou infecté dans le tronc principal, par exemple, on commence le compte à rebours. On observe la portion de cambium (juste en dessous de l’écorce) dévorée par le pathogène chaque année, et on peut prévoir les prochaines années. Pour la sécurité, on se dit qu’une fois que le trou aura pris 50% du tronc, ce sera le temps de l’abattre, ce qui pourrait donner jusqu’à 10 ans dans certains cas. Ça donne le temps de faire son deuil et même de planter un arbre dès qu’on reçoit la mauvaise nouvelle. En sens inverse, si le trou n’est pas infecté, on s’assurera simplement qu’il se referme de façon stable.
Les trous peuvent en revanche se trouver dans des branches, grosses ou petites. Le même principe s’applique ; on conservera celles dont le trou est sain, et on voudra enlever celles dont le trou est infecté. Toutefois, on ne veut pas que le remède soit pire que le problème. Prenons une grosse section principale qui formerait la moitié de la tête d’un arbre. L’enlever pourrait faire plus de mal que de bien. On opterait plutôt pour un haubanage, question d’éliminer le risque de chute. L’arbre pourra donc naturellement commencer un processus de compensation. Car, à mesure que la section dépérit, l’arbre peut stratégiquement développer sa croissance en prévision de la perte de photosynthèse. Plus tard dans le processus, la section pourra être enlevée en toute sécurité et sans nuire à l’arbre.
Enfin, les maladies. Celles-ci sont variées et ont différents impacts sur les arbres. Certaines n’ont virtuellement aucune influence sur l’état sécuritaire d’un arbre. On peut compter certaines maladies des feuilles, comme la tache goudronnée par exemple, qui n’ont à peu près rien de dangereux. Je dis « à peu près » car, à trop laisser aller la maladie, l’arbre peut commencer à tomber en carence nutritionnelle, et alors la construction des tissus ne se fait plus adéquatement. Idéalement, donc, on tente de traiter les troubles de santé sans les déférer. Mais quelques taches foliaires ne sont rien pour s’alarmer.
En revanche, il y a des maladies graves qui peuvent décimer un arbre en un rien de temps. On pense à la maladie hollandaise de l’orme, qui peut ravager un spécimen en une saison. Ou, plus familier encore, l’agrile du frêne qui continue aujourd’hui de faire son ravage. L’insecte en question est capable de tuer un arbre mature en moins de trois ans. Aussitôt que l’on voit les premiers symptômes, il faut contacter un arboriste d’urgence. En effet, lorsque l’arbre commence à dépérir, les branches mortes se mettent rapidement à tomber, et, à trop attendre, c’est l’arbre au complet qui risque de céder. De toute façon, un abattage tardif peut rendre le coût de l’opération très onéreux, car, une fois l’arbre mort, les arboristes ont besoin de la grue et de la nacelle.
Pour chaque maladie, il y a des solutions différentes. Avec un peu de chance, l’arboriste peut enlever les branches et sections affectées et la maladie ne revient pas. Dans le cas de l’agrile du frêne, c’est le traitement au TreeAzin en prévention, mais, pour ceux qui n’ont pas encore agi, il ne reste que l’abattage. Les maladies, même si certaines sont bénignes, devraient toujours être un signal d’appeler un arboriste. Ce dernier pourra faire état de la situation et prescrire les mesures nécessaires.
L’intervention humaine, directe ou indirecte
Dans la problématique de la sécurité des arbres, un des principaux responsables est l’être humain. Certes, par eux-mêmes, les arbres auront des défauts et des maladies, mais ces choses n’arrivent pas en haut de la liste lorsqu’on évalue leur dangerosité. Cette influence peut être directe ou indirecte. Directe, c’est lorsqu’on modifie l’arbre, qu’on le taille, qu’on coupe ses racines, etc. Indirecte, c’est lorsque, par exemple, un tracteur passe à côté d’un arbre et compacte le sol écrasant ainsi les racines.
Les interventions directes qui ont un impact négatif sur votre sécurité viennent généralement de l’ignorance ou de l’incompétence. Ce sont souvent, mais pas toujours, des gens qui sont payés, donc des professionnels, mais qui n’ont pas la formation adéquate. Ils savent grimper un arbre et couper des branches avec des moyens rudimentaires. Avec de tels gens, vous êtes le client, c’est vous qui décidez sans bémol, ni conseils de meilleures pratiques. Entre chaque coupe, on vous regarde pour vous demander si c’est « ce que vous voulez », car, en l’absence de connaissances sur les bonnes pratiques sanitaires, on ne fait que couper ce que vous demandez. Ce n’est pas forcément de mauvaise foi de la part de l’entreprise, mais, au final, ce que vous avez comme résultat est un arbre qui formera des défauts de structure et qui développera des maladies. Ce n’est pas une bonne idée.
Ainsi, on peut compter les élagueurs mal formés parmi les responsables du piètre état de sécurité de certains arbres. Un élagage excessif, un étêtage, et hop ! On vient de gâcher la structure et la santé de l’arbre. Celui-ci tente de se refaire une masse foliaire, mais elle est moins solide et plus prompte aux problèmes comme les caries, les chancres et la pourriture. La solution est bien évidemment de vérifier les compétences de l’entreprise choisie. L’arboriste a pour rôle d’éliminer, ou, à tout le moins, réduire les risques pour votre sécurité, pas de les augmenter. Un vrai arboriste vous conseille, il ne fait pas qu’exécuter ce que vous demandez, comme si l’expert était vous. Et il refuse de faire ce qui pourrait causer des dangers, c’est contre son métier, c’est tout.
Il y a aussi des impacts humains non intentionnels. Le sel de déglaçage qui vient se coller à l’arbre, les collisions avec certains équipements, les engrais chimiques, les herbicides sélectifs, les remblais du collet racinaire, le compactage du sol, etc. La liste pourrait être longue, j’en passe. Ces intrusions dans la vie des arbres sont autant d’occasions d’appauvrir et de faire dépérir les arbres. On peut penser qu’un peu de sel sur son arbre ne peut gêner sa sécurité. Mais je reviens à mon premier argument : un arbre en santé est un arbre plus sécuritaire. Nul besoin de revenir là-dessus.
Le sel, justement. Problématique assez répandue, surtout là où la circulation automobile est abondante. En bordure d’autoroute, c’est terrible. Avec la vitesse du trafic, les particules de sel forment des embruns salins qui se déposent sur les arbres. Ceux-ci en viennent à s’asphyxier, et forment, dans leur panique, des balais de sorcières. On peut facilement reconnaître cette maladie avec ses branches formées de touffes de ramures en forme de cônes, rappelant le balai de sorcière. Pour ceux qui sont pris avec ce problème, il y a le risque plus élevé de cassures et de chutes des branches. Pour limiter les dégâts, on peut nettoyer l’arbre le printemps venu, mais l’embrun salin fera tout de même ses ravages à long terme. La vraie solution se trouve à la plantation : sélectionner les arbres qui résistent le mieux aux embruns salins et aux balais de sorcières. Tout est indiqué dans les fiches.
Une collision peut causer un chancre. Une déneigeuse frappe un arbre et celui-ci se retrouve avec une fente au bas du tronc. On devra alors traiter le problème comme nous le disions plus haut, avec de la surveillance et une projection à long terme. On espère que le tronc pourra guérir. Mais on n’ajoute aucun mastic, aucun aérosol magique, rien. On laisse la nature faire son travail.
Des machines viennent aussi très souvent compacter les sols. À vrai dire, en milieu urbain, un sol qui n’est pas compacté est rare à trouver. Dès la construction de nos maisons, le sol a été compacté, ça donne une idée. Maintenant, une machine peut passer près d’un arbre et causer des dommages aux racines. Il faudra demander à un arboriste de surveiller l’arbre sur au moins 3 ans, question de voir comment il réagit. Mais on peut au moins prédire que l’arbre tombera en stress hydrique et nutritionnel, car il vient de perdre l’accès à sa nourriture. Si une racine ligneuse principale est atteinte, c’est aussi l’ancrage qui se trouve affaibli. On additionne le stress avec l’ancrage affaibli, on obtient un arbre moins sécuritaire. Un arboriste devra surveiller les capacités de guérison de l’arbre.
Un petit conseil concernant la compaction du sol. On vient de dire que, même si vous n’avez pas vu récemment de la machinerie lourde passer dans votre jardin, il y a de bonnes chances que votre sol soit compacté. La compaction du sol empêche les racines d’avoir accès à l’eau et aux nutriments. Une bonne aération du sol peut venir en aide à la santé de votre arbre. L’aération perce des trous dans le sol et crée ainsi une bonne porosité, ce qui aide les racines à respirer, mais aussi à avoir accès à l’eau et aux nutriments. Je le répète, un arbre en santé est un arbre sécuritaire.
Parlant du sol, il y a une autre intervention humaine qui peut nuire à la sécurité, et celle-ci est trop méconnue. Il s’agit du remblaiement du collet racinaire. C’est un phénomène répandu en ville, avec les travaux et l’ajout de terre lors des constructions, les arbres se retrouvent avec un niveau de terre qui dépasse le collet. Un arbre avec un collet remblayé est plus susceptible de céder, et on ne parle pas ici des branches, c’est l’arbre qui peut tomber à partir de la base. En effet, cette partie de l’arbre a besoin de respirer. Remblayée, elle pourrit. On se trouve donc avec un arbre avec une faiblesse à la base du tronc. C’est dangereux! Heureusement, il est possible de pallier cette situation simplement en enlevant la terre de trop. En creusant, on découvre des racines qui étranglent l’arbre, on les enlève. À la fin de l’excavation, l’arbre sera libéré et on obtiendra une forme de cuve au bas de celui-ci, dévoilant le collet. Ceci améliore la sécurité de votre arbre et lui donne une meilleure santé.
L’environnement de l’arbre et le climat
Tenons pour acquis que nous avons tout fait en notre possible pour que la santé et la sécurité de notre arbre soient optimales. Supposons aussi que l’arbre est une essence appropriée pour son emplacement, que la terre est bonne et bien aérée, que les interventions arboricoles ont été faites selon les règles de l’art, etc. Il reste encore des éléments qui échappent quelque peu à notre contrôle. À un moment donné, l’arbre se développera près de la toiture de la maison, des fils électriques, etc. Il y aura aussi des tempêtes et du verglas. On n’y peut rien. Ce que l’on peut faire, cependant, c’est de minimiser les risques pour notre sécurité.
En ce qui concerne l’environnement, la science arboricole prescrit des distances. De manière générale, il est recommandé de garder environ 10 pieds entre les branches d’un arbre et une structure. Ainsi, en relation avec une toiture de maison, l’idée n’est pas de retirer toute la masse foliaire au-dessus de celle-ci. À trop vouloir en enlever, on le sait, on fragilise l’arbre, on accomplit le contraire de ce que l’on veut. C’est plutôt de retirer les branches qui s’approchent à moins de 10 pieds. Ce faisant, on évite les contacts, les frottements et la moisissure sur la toiture. On applique le même principe avec les fils électriques et les autres structures importantes comme la piscine, le cabanon, etc. On voudra aussi créer suffisamment d’espace avec la rue, question de permettre la circulation.
Il faut également préparer l’arbre pour qu’il réponde le mieux possible à son climat, mais ce n’est pas toujours ce que l’on croit. On peut bien s’imaginer, par exemple, que si l’on enlève beaucoup de branches à un arbre, le vent pourra passer au travers. Raisonnement respectable, mais c’est faux. Quand on dégarnit un arbre, on crée deux problèmes. Le premier : l’arbre a du mal à produire des tissus résilients. Comme nous le disions plus haut, il est important d’enlever un tuteur assez tôt dans la vie d’un arbre pour que le vent puisse le stimuler à la fabrication de ses tissus. En revanche, pour la fabrication des tissus fondamentaux, il faut de la photosynthèse. Ainsi, disons que l’on dégage le centre de l’arbre pour ne laisser que des queues de lions de feuilles au bout des branches, on a l’impression que l’arbre peut ainsi éviter les secousses du vent. Or, la réalité est que les branches, maintenant dégarnies, auront du mal à fabriquer de la cellulose et de la lignine dans les zones de pliage. Les régions des branches qui subissent le stress du vent réagissent presque comme du bois sec, car la réaction végétale est affaiblie.
Le deuxième problème avec le surélagage est la distribution de la pression. Un arbre bien garni danse avec le vent. Il prend l’énergie du vent et l’absorbe dans son port, en la « donnant » à d’autres parties de l’arbre. L’arbre dégarni, avec ses branches en forme de queues de lion, ne fait que plier, il doit se battre contre le vent, au lieu de faire symbiose avec. Ainsi, un arbre avec une belle couronne bien fournie absorbe le vent dans l’ensemble de sa structure. Tandis qu’un arbre avec une couronne exagérément élevée n’absorbe le vent que dans la partie la plus haute, ce qui oblige l’arbre à plier sous l’effet du vent.
Ainsi, le climat ne peut pas être un prétexte pour l’élagage excessif. On veut que l’arbre soit prêt à résister aux intempéries, mais le surélagage ne fait qu’empirer le problème. Et ceci s’applique à la prévention du verglas également. On peut alléger certaines branches avec les principes de l’appel-sève, mais on n’enlève pas la moitié de la masse foliaire pour sécuriser un arbre. C’est aussi efficace que de prévenir la rouille avec de l’eau. On se comprend.
Terminons en rappelant l’essentiel : un arbre en santé est un arbre solide. On s’imagine souvent que l’on assure notre sécurité simplement en faisant enlever des branches par un arboriste, mais c’est plus que ça. Le bon arbre au bon endroit, dans la bonne terre, avec le bon suivi, et ensuite avec les bonnes interventions, voilà un arbre sécuritaire.
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