Qu’est-ce qu’un arboriste grimpeur ?
27 Juil 2022
Qui est l’expert qui grimpe cet arbre?
Il vous est probablement déjà arrivé de faire une promenade dans votre quartier pour admirer les arbres. Tout à coup, vous apercevez une équipe arboricole qui fait de l’entretien dans l’arbre d’un voisin. Vous vous approchez pour mieux voir. Une personne effectue des travaux dans l’arbre, attaché avec un câble. Il n’a pas peur d’être aussi haut ? Ça se discute, c’est personnel à chaque arboriste… Mais vous vous dites que vous ne feriez jamais un métier aussi fou de toute façon. Or, votre curiosité envers cet « expert » des arbres pourrait apporter des réponses fort précieuses, surtout pour le jour venu où ce sera votre tour de faire entretenir votre arbre. Qui est cet expert qui prend soin de l’arbre de votre voisin ? Quelles sont ses compétences ?
Si l’on pouvait pertinemment s’inquiéter de faire affaire avec un « improvisé du métier », les choses s’apprêtent à changer. La barre de vos attentes va bientôt pouvoir monter grâce à l’implantation de la carte de compétence pour les travaux arboricoles. Cette carte pourra aider à identifier ceux et celles qui ont la formation et les connaissances adéquates pour prendre soin des arbres, et pour le faire en toute sécurité. Au juste, on l’appelle comment cet expert des arbres ? Émondeur, élagueur, arboriculteur, arboriste ? Quelle est sa formation ?
Les termes
La question peut bien se poser. La science arboricole a tellement changé dans les dernières années qu’on ne sait même plus comment appeler l’expert des arbres.
D’abord on l’appelle souvent émondeur. Il s’agit d’un terme périmé. L’émondage ressemble plus à ce que votre tailleur de haie de cèdres fait : il donne une forme aux végétaux. Dans les études en arboriculture, c’est pas ce qu’on apprend. Autrement dit, la formation professionnelle qui permet à quelqu’un de devenir un expert qui grimpe les arbres ne se concentre pas du tout sur cela. À vrai dire, et c’est là que ça se corse, c’est plutôt une chose que l’on nous apprend à ne pas faire. Si un professeur en arboriculture nous surprend à tenter d’imposer une forme à l’arbre, on se fait reprendre. C’est pourquoi certains dans le domaine perçoivent le terme d’émondeur comme péjoratif, car il s’agit de quelque chose que nous ne faisons pas. Le nom conviendrait mieux à votre tailleur de haie de cèdres, comme nous le disions, mais peut-être aussi au jardinier qui s’occupe des plantes du potager et des arbres fruitiers. Ce dernier émonde pour modifier le comportement des végétaux.
En revanche, il y a le terme d’élagueur qui renvoie à la pratique d’élagage. Dans notre notion professionnelle, l’élagage consiste à enlever à un arbre ce qui est nuisible dans un environnement urbain. Tout ce qui comporte un danger, comme des branches mortes, malades ou faibles, doit être enlevé. Tout ce qui se trouve trop près des structures doit aussi être enlevé. L’élagueur sécurise l’arbre pour éviter qu’il ne cause des dommages. Mais encore, certains experts trouvent ce terme diminuant. On ne dit rien ici du soin de l’arbre, et ceci est très important pour ceux qui le font. On préfère alors un autre terme.
On dit : arboriculteur, si vous vous êtes déjà fait reprendre. L’arboriculteur est aussi élagueur, mais l’élagueur n’est pas forcément arboriculteur. L’élagueur se contente de sécuriser les lieux. S’il tente de ne pas abuser de la santé de l’arbre, c’est dans l’optique de la sécurité, et non de la santé même de l’arbre. Ainsi, avec tout le respect qu’on leur doit, les professionnels qui font l’entretien des arbres à proximité du réseau d’Hydro-Québec, ne font pas de l’arboriculture, mais de l’élagage au sens strict. Et on ne leur demande rien d’autre, car leur rôle est d’assurer notre sécurité en dégageant le réseau électrique. Ces travaux préviennent les pannes de courant et les incendies, prévenant ainsi des accidents sur les êtres humains.
L’arboriculteur cherche donc à se distinguer en ce qu’il a les connaissances pour la santé des arbres, et que le maintien de la santé des arbres est l’un des objectifs de ses services. Il fait comme l’élagueur, il sécurise l’arbre pour vous, vos proches, et vos biens. Mais il va plus loin. Il observe la structure de l’arbre, il détecte les maladies, il fait des projections pour le développement de l’arbre. Ses interventions seront alors dirigées aussi sur la longévité de l’arbre. C’est cela, un arboriste ! Oups, excusez-moi l’anglicisme.
Arboriste… Allons droit au but : un arboriste est un arboriculteur, mais c’est un mot plus branché. Non, sérieusement, c’est un peu plus que ça, et, entre confrères, le mot ne fait pas l’unanimité. Il s’agit en effet d’un anglicisme. Arboriculteur en français, arborist en anglais. Mais certains (dont moi), ne sont pas satisfaits par le mot arboriculteur. Car, habituellement, quand on fait la culture d’une chose, on la produit. L’apiculteur produit du miel, l’agriculteur produit des légumes ou des céréales, le pomiculteur produit des pommes. Et pourtant, l’arboriculteur ne « produit » pas des arbres, il ne produit rien, il entretient. En revanche, le terme d’arboriste est un calque de l’anglais, il ne fait donc pas l’unanimité. Mais, il est tellement cool, allons ! Plus sérieusement, le mot est de plus en plus utilisé en France et au Québec. Il est moins lourd à prononcer, et il aide à nous distinguer des métiers de « cultures ». Moi, je vote pour.
Si vous cherchez un expert qui grimpera votre arbre dans le souci de préserver sa santé, autant appeler un arboriculteur bien formé. Lorsqu’il sonnera à la porte, accueillez-le en lui disant : « Bonjour l’arboriste ». Sa réaction pourrait en dire long sur sa position.
La formation
Les arboristes, si l’on me permet d’utiliser mon appellation favorite, sont formés dans l’art du soin de l’arbre, tant sur le plan théorique que pratique. Ils sont aussi formés pour les déplacements dans les arbres, la coupe à la tronçonneuse et la rétention des branches avec des cordes. Ces savoirs et ces savoirs faires permettent aux arboristes d’avoir une vision plus objective, et plus à long-terme, de leurs interventions dans les arbres. Certes, un élagage peut bien vous satisfaire ici et maintenant. Mais, s’il est mal fait, vous verrez qu’un arbre malade, par exemple, pose des problèmes plus compliqués que ceux que vous aviez cru avoir réglés au préalable. Pensez-y bien. Voici un portrait de la formation d’un arboriste dans les écoles spécialisées.
Celui qui veut devenir grimpeur doit d’abord apprendre un peu de théorie. On lui présente d’abord le domaine des arbres en milieu urbain. Quels types d’arbres vont dans quels types de sols, quels dommages peuvent causer la pollution ou le compactage du sol ? On lui apprend comment fonctionne la croissance des arbres et leurs besoins nutritionnels. Et le plus important, il lui est enseigné comment les arbres réagissent à l’élagage, car, contrairement à ce que l’on peut croire, couper des branches ne fait pas du bien à l’arbre.
L’arboriste en herbe apprend vite à identifier les essences d’arbres et à distinguer les principales caractéristiques. Mais, il doit aussi comprendre comment les arbres réagissent à leur milieu : les vents, les verglas, les maladies, les insectes, etc. Comment pallier ces phénomènes avec les interventions les plus adaptées, voilà comment s’oriente la formation théorique.
L’expert des arbres en devenir doit ensuite se lancer sur le terrain et apprendre à accomplir physiquement les tâches de l’arboriste. On lui fait monter avec des éperons sur des poteaux, on lui enseigne les systèmes de cordes et les nœuds appropriés pour grimper dans les arbres. Lorsque le temps des examens arrivent, l’arboriste en formation doit montrer qu’il est capable d’abattre, d’élaguer, et de soigner les arbres dans un temps convenable, tout en assurant sa propre sécurité et celle des travailleurs au sol. Il doit prouver qu’il sait où mettre sa corde de grimpe en utilisant la technique appropriée pour la situation. Il doit savoir attacher une branche de sorte qu’elle n’abîme rien lors de sa descente.
Grâce à sa formation, l’arboriste diplômé sera en mesure de proposer des alternatives à l’abattage. Car il apprend, entre autres choses, à haubaner les arbres. Si la fourche principale d’un arbre menace de céder, un câble peut être installé pour consolider la fourche. Avec son savoir sur la solidité des arbres et sur les mesures préventives en élagage, l’arboriste compétent est capable de sauver les arbres que d’autres condamnent à l’abattage.
À la fin de son parcours, l’arboriculteur (disons-le au moins une fois pour être juste) sera aussi capable de venir en aide à un camarade en détresse dans un arbre, en allant le rejoindre en haut là où il se trouve, pour le descendre jusqu’au bas de l’arbre pour le confier aux premiers répondants.
Le cœur d’un arboriste
Qui donc est cet expert que vous voyez dans l’arbre de votre voisin ? C’est quelqu’un qui aime le grand air et les sensations fortes, on s’en doute bien. Or, il est plus que cela. L’arboriste professionnel jongle avec plusieurs compétences. Il évalue la sécurité et la santé de l’arbre, grâce à son savoir théorique. Il grimpe pour faire le nécessaire, en demeurant sécuritaire pour lui-même et ses collègues, mais aussi pour la sécurité de votre environnement, grâce à son savoir-faire. Il sait justifier ce qu’il coupe, pour la sauvegarde de votre propriété, et il sait justifier ce qu’il ne coupe pas, pour la sauvegarde de l’arbre.
L’arboriste est au service de l’arbre autant qu’il l’est envers les propriétaires de celui-ci qui ont des craintes et des besoins réels. Et c’est là le plus important. Être arboriste, au-delà de l’expertise, c’est porter dans son cœur le souci de la nature et de la communauté, c’est-à-dire le désir de voir des arbres en santé, sans risques pour la sécurité des citoyens. Or cela est un savoir-être qui découle de son identité d’intendant de la création.
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