La taille d’un jeune arbre
10 Mai 2018
Dans un précédent article, nous avons fait valoir l’importance de s’attarder au sol et aux racines si l’on veut assurer la vitalité de nos arbres. La taille étant nécessaire, elle ne contribue pas directement à la vitalité de l’arbre. Or, une fois l’aspect nutritionnel assuré, il faut comprendre ce en quoi consiste une taille selon les règles de l’art d’un jeune arbre. Nous tenons ici pour acquis que les arbres matures feront l’objet d’une intervention experte en raison des risques de chutes et de blessures graves si les travaux sont effectués sans le matériel et le savoir-faire nécessaires pour des travaux d’élagage. Donc, nous adressons ici les mesures à prendre pour l’entretien d’un jeune arbre, lesquels sont faisables avec des outils de bases et sans grimpe.
La taille de formation
Lorsque l’arbre est jeune, c’est le temps de lui imposer une structure optimale. Il ne s’agit pas de lui imposer une forme qui ne serait pas naturelle, comme une boule par exemple, mais bien de prévenir les défauts structurels qui pourraient nuire à sa santé ou encore le rendre moins sécuritaire. Les branches qui menacent la sécurité de l’arbre sont celles qui veulent prendre la place de la tête naturelle et celles qui développent des fourches faibles. Ainsi, l’axe central de l’arbre doit être préservé en éliminant les branches qui poussent à la verticale et qui ressortent de la structure normale de l’arbre.
Les têtes codominantes
L’image ci-dessus illustre les branches à couper en couleur ombragée. Si l’on regarde à la tête, on peut voir qu’il y a trois branches qui se compétitionnent. Si ce défaut n’est pas corrigé, l’arbre se développera avec des têtes codominantes. Les fourches qui seront formées par celles-ci seront faibles et plus susceptibles de cassures. Ainsi, lorsque ce phénomène se manifeste dès la jeunesse de l’arbre, mieux vaut couper les branches de la tête qui sont nuisibles avec un simple sécateur, d’autant plus que cela peut se faire sans grimper. Hormis les coûts d’une opération tardive, de sorte que l’arbre serait mature et aurait développé des têtes codominantes, il se peut que l’opération devienne aussi coûteuse pour la santé et l’esthétique de l’arbre. En effet, l’étêtage est une opération dommageable qui n’est effectuée qu’en de rares cas de nécessité, car elle est fatale pour la structure de l’arbre. S’il s’avère nécessaire de couper seulement en partie la tête pour ramener la dominance apicale, il n’en demeurera pas moins que cette coupe causera un stress à l’arbre. Une taille préventive est donc de mise.
Les branches interférentes
On peut aussi apercevoir d’autres branches ombragées sur l’image. Il s’agit, pour certaines, de branches interférentes. Ce sont celles qui poussent en touchant à d’autres branches. À long terme, celles-ci appliqueront une pression malsaine sur d’autres branches et les blesseront, ce qui menacera la sécurité de l’arbre. Il faut alors savoir quelle branche sauver et laquelle sacrifier. Si l’on porte attention aux branches interférentes de cette image, celles qui sont identifiées comme devant être coupées ne sont que des ramures, alors que celles qui seront sauvegardées font partie de la charpente principale. C’est cette logique qu’il faut utiliser : couper ce qui n’est pas essentiel à la structure de l’arbre seulement.
Les têtes adventives
D’autres branches dans cette image veulent devenir des têtes, mais ne sont pas directement connectées à la tête principale. Elles sont en périphérie de la cime, mais poussent de manière indépendante et ne respectent pas la structure optimale de l’arbre. Les zones ombragées indiquent bien les proportions à couper. En effet, ces branches ne sont pas à éliminer en entier, mais à réduire. La coupe sera faite à la fourche, de sorte que la branche cicatrise comme il se doit et que l’autre branche de la fourche prenne le relais en se développant naturellement.
Les gourmands
Il reste ensuite à surveiller les pousses que l’on appelle les gourmands. Ce sont des branches rebelles qui poussent à la verticale sans respecter la structure de l’arbre. Ces branches utilisent plus de ressources qu’elles ne le devraient. Elles sont donc à éliminer pour ces deux raisons qu’elles épuisent l’arbre et engendrent des malformations structurelles qui compromettent la solidité de la charpente. Certaines de ces pousses émergent directement des racines ou tout près du collet. Celles-ci sont inutiles et deviennent étouffantes pour l’arbre si on les laisse se développer. En fait, les gourmands qui poussent à même les racines de l’arbre sont des arbres en soi et ils viendront se coller contre l’arbre et nuire à son développement.
Élévation de la couronne
En ce qui concerne la structure de l’arbre, il ne reste qu’à éliminer les branches basses, si cela convient à la situation de l’arbre. Par cela, nous entendons une localisation de l’arbre où il sera idéal de pouvoir circuler en dessous sans avoir de branches qui nous touchent le visage. On peut éviter de gros travaux si l’on s’occupe de couper les branches basses dès qu’elles surgissent et à mesure que l’arbre se développe. Se faisant, l’arbre mature n’aura pas de cicatrices dans le bas du tronc et aura une allure naturelle tout en aillant une charpente à la hauteur idéale.
Conclusion
La coupe de grosses branches peut être stressant pour un arbre, c’est pourquoi la jeunesse de l’arbre est un temps optimal pour couper. En effet, lorsque l’arbre est jeune, il est possible d’atteindre les sections à couper facilement, sans grimper, et sans couper quoi que ce soit de majeur. Dans tous les cas, il est de mise de demander une évaluation à un arboriculteur professionnel. Les élagueurs sont généreux de leurs connaissances et vous indiqueront la démarche à suivre pour un avenir optimal de votre arbre.
Sources
Crockett, James Underwood, et Françoise Vigié, Arbres et arbustes, [S.l.], Time-Life International (Nederland), 1978.
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