Tuteurage et protection des jeunes arbres


07 Sep 2021

Introduction

Hormis l’arrosage, l’amendement de la terre et la taille de formation, il y a des soins qui peuvent être nécessaires pour assurer la pérennité et la beauté de nos jeunes arbres. Une négligence de ces soins peut entraîner des conséquences : un arbre peut pousser croche et garder cet aspect pour le restant de sa vie, un arbre peut aussi perdre une partie importante de son pourtour, ce qui empêchera la sève de s’irriguer adéquatement.

La pertinence du tuteurage

Cette aide que l’on prodigue traditionnellement aux jeunes arbres fraîchement plantés est relativement simple. Pourtant, il y a quelques règles de base qui empêcheront cette étape de causer des dommages, des malformations, ou même d’entraîner la mort prématurée de l’arbre. Le but du tuteurage est de compenser l’absence d’ancrage. Un bébé arbre de quelques centimètres n’a pas besoin d’un tuteur puisqu’il s’ancrera à mesure du développement de son système racinaire. Cependant, un arbre de plus d’un mètre acheté en pépinière n’a pour système racinaire qu’une motte contrôlée en vue de la plantation. C’est dans cette situation que le tuteurage devient pertinent, de sorte à stabiliser artificiellement l’arbre, le temps qu’il produise lui-même cet ancrage par le développement de ses racines.

Le piquet

Tout d’abord, il faut choisir un piquet de bois ou de métal d’environ 1.5 m à 2 m de haut. Comme l’arbre tuteuré est fraîchement planté, il devrait être aisé de pouvoir déterminer où sont les racines. Plantez donc le piquet de sorte à ne pas blesser le système racinaire déjà fragile du jeune arbre. En effet, la transplantation agit comme un traumatisme qu’il ne faudrait pas empirer avec nos bonnes intentions. Ensuite, pour que le tuteur soit suffisamment solide, assurez qu’il entre dans la terre à une profondeur d’au moins 40 cm à 60 cm.

L’attache

Puis, vous pourrez attacher le tronc de l’arbre au niveau supérieur du piquet. Pour ce faire, utilisez une attache telle que celles qui sont vendues en pépinière, ou autres types que vous pouvez confectionner vous-mêmes. L’important est d’utiliser un matériau qui ne causera pas de dommage au pourtour du tronc de l’arbre. Bien des gens n’ont pas conscience de l’importance du pourtour de l‘arbre, mais il faut comprendre que c’est à cet endroit que la sève circule, et des blessures peuvent l’entraver. De plus, les ouvertures peuvent permettre l’entrée de pathogènes. Les attaches à tuteurage vendues dans les pépinières sont munies d’une gaine protectrice qui permettra d’éviter ce problème. Un tissu ou une ficelle peut bien faire l’affaire, à condition d’éviter à la fois la friction et l’étranglement.

Tuteur pour aider à la croissance optimale de l'arbrisseau

Tuteur pour aider à la croissance optimale de l’arbrisseau

L’inspection de l’arbrisseau

Pendant que l’arbre est encore en tuteurage, il sera bon d’inspecter le tuteur et sa relation à l’arbre. Si l’attache a créé des égratignures significatives, il sera préférable de la changer de niveau, soit à quelques centimètres de son emplacement original. Il pourra aussi être l’occasion de vérifier si l’attache est d’un matériau adéquat ou peut-être si la gaine protectrice est encore intacte. On voudra aussi inspecter le rapport avec le développement de l’arbre. En effet, celui-ci aura grossi, l’attache est-elle en train de créer un étranglement au tronc? Si tel est le cas, l’enlever et en remettre un plus gros. Mieux vaut un peu de friction que de limiter le développement du diamètre du tronc, ce qui étouffe et empêche la sève de circuler dans l’arbre.

Le temps optimal du tuteurage

Le problème le plus souvent rencontré par rapport au tuteurage est celui du temps : on ne pense pas à les enlever. Il faut savoir qu’un tuteur, dans sa fonction qui est de compenser la stabilité en l’absence d’ancrage, n’est pertinent que pour un maximum de trois ans, idéalement deux ans seulement (certains disent même de ne pas dépasser un an !). Lorsqu’on laisse un tuteur trop longtemps, cela entraîne bien des conséquences pour l’arbre. Généralement, le tuteur n’aura pas été inspecté. Il se pourra que l’attache ait creusé une entaille importante dans le tronc, fragilisant sa solidité et comportant des risques pour les pathogènes et limitant l’irrigation de la sève. Parfois, l’attache pénètre littéralement le tronc d’arbre, même de plusieurs centimètres. Il devient alors impossible de l’enlever complètement, on doit couper les morceaux qui dépassent et espérer que le corps étranger n’affectera pas trop la santé de l’arbre. Il arrive aussi que les racines fusionnent avec le piquet, ce qui rend impossible son enlèvement. On doit alors se contenter de couper le piquet à la base, mais l’arbre, en grandissant, devra subir que le morceau restant blesse son collet.

Une autre conséquence d’un laisser-aller du tuteur est d’empêcher l’arbre de développer sa propre résilience. Le principe est comparable au développement humain : il arrive qu’une béquille empêche le rétablissement si on y tient trop longtemps. L’arbre a besoin d’être stimulé par le mouvement provoqué par le vent. Chaque fois qu’un arbre est déstabilisé, il déploie de l’énergie pour produire un système racinaire mieux ancré, de même que du bois résilient pour résister aux cassures. Le tuteurage, même s’il est bien inspecté, peut rendre un arbre faible en l’empêchant de s’adapter naturellement à son environnement.

La protection du tronc et du collet racinaire

Pour des raisons qui seront différentes selon les circonstances et l’essence de l’arbre, il peut être nécessaire d’utiliser une stratégie pour protéger son tronc et/ou son collet. Il vaut grandement la peine de demander conseils à un professionnel de la santé des arbres comme un arboriste certifié ou un pépiniériste.

Protection du tronc des jeunes arbres en début de vie

Protection du tronc des jeunes arbres en début de vie

Jeune arbre fruitier

S’il s’agit d’un arbre fruitier, il a de bonnes chances que votre arbre attirera des rongeurs qui voudront se nourrir de son écorce, ce qui arrive le plus souvent en hiver. Il sera alors optimal d’utiliser un grillage, en plastique ou en métal. Nous suggérons les grillages de plastique vendus en pépinière à cet effet, car ils sont si simples à installer. En forme de torsade, vous n’aurez qu’à l’enrouler autour du tronc de votre arbre, en assurant que la partie la plus basse du tronc soit recouverte.

Les impacts mécaniques

S’il ne s’agit pas d’un arbre fruitier, il y a moins de chances que votre arbre soit en proie aux rongeurs, vous pourrez tout de même prendre des précautions pour l’hiver. La seule raison qui resterait de vouloir protéger le tronc de votre arbre est le risque des impacts mécaniques, par exemple avec une tondeuse ou un coupe-herbe à fouet. Puisque ces blessures peuvent devenir graves si elles sont répétées et surtout si une proportion de plus de 40 % de la circonférence de l’arbre subit une blessure, il faudra opter pour un moyen de l’empêcher. Puisque la protection en grillage est moins esthétique, nous suggérons d’opter pour un paillis, des cailloux, ou encore des fleurs. La stratégie est de faire en sorte qu’il n’y ait pas de gazon qui pousse près de votre arbre. Il sera à vous de déterminer la distance que vous voulez créer entre votre arbre et votre pelouse, l’important est de faire en sorte que la tondeuse et le coupe-herbe n’auront pas lieu de se présenter près de l’arbre. Le but étant d’opter pour plus esthétique que le grillage, vous pourrez choisir celle qui vous convient le mieux. Il faut toutefois mentionner les bénéfices du paillis. Celui-ci retient l’humidité et favorise le développement de micro-organismes dans le sol, tout en prodiguant un apport modéré en azote. Cette avenue sera donc à être privilégiée pour ceux qui veulent joindre l’utile à l’agréable.

Conclusion

Il n’est pas toujours nécessaire de payer un expert pour prendre soin de ses arbres. Dans le cas du tuteurage et de la protection du tronc et du collet, un peu de temps et d’amour envers votre arbre, de même qu’une simple inspection saisonnière peuvent éviter bien des ennuis. Avec ces conseils, vous êtes en mesure d’assurer la santé et la beauté de votre arbre pour vous et pour les générations futures.

Bibliographie

  • http://www7.inra.fr/dpenv/pdf/Drouineau2D20.pdf
  • http://www.lapresse.ca/maison/cour-et-jardin/jardiner/200708/03/01-870669-liberez-vos-arbres-de-leurs-entraves.php
  • Crockett, James Underwood, et Françoise Vigié, Arbres et arbustes, [S.l.], Time-Life International (Nederland), 1978.
  • Pellerin, Gervais, et Hydro-Québec, Répertoire des Arbres et Arbustes Ornementaux: 1760 Espèces et Variétés de Végétaux du Québec, Gouvernement du Quebec, publications vendues, 2010.

 

 

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Dominic Perugino

Comments

  1. […] plein soleil, il n’est pas impossible de voir un jeune arbre développer des défauts, notamment des têtes codominantes. Une taille de formation précoce […]

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