La pruche du Canada


22 Juil 2024

Tsuga canadensis

Quand on compare la pruche du Canada avec les autres conifères, on remarque qu’il est parmi les moins utilisés au Québec comme arbre d’ornement. Avec certaines fragilités, l’arbre nécessite que plusieurs conditions soient respectées, son manque de répartition urbaine n’est donc pas étonnant. On opte plutôt pour la plantation de certaines variétés d’épinettes, alors que l’on préserve les peuplements de grands pins dans les banlieues et campagnes. Ce qui étonne, c’est qu’il s’agit d’un arbre exporté aux quatre coins du monde pour servir d’arbre décoratif. Il s’agit d’un arbre recherché pour sa beauté, sa délicatesse, son odeur, et même pour des aspects qui sont dits curatifs. Avec un peu d’effort, peut-être pourrions-nous renouer avec cette essence aux nombreuses vertus.

Indigène du sud du Québec, la pruche se rapproche du sapin et s’éloigne de l’épinette avec sa douceur. Quand on rencontre un peuplement en forêt, on se trouve comme dans un dôme protégé et accueillant, avec une couronne naturellement relevée. On remarque aussi le sol dénudé, en l’absence de feuilles ou d’épines, à l’exception de fruits secs répandus çà et là. Pour un bain de forêt en sa présence, on le cherchera dans les vallées, à la fraîcheur de l’ombre d’arbres plus grands et près des cours d’eau.

Sa rusticité est assez bonne pour les hivers du Québec, mais surtout pour les régions les plus près du fleuve, où les températures sont plus douces. La grande région de Montréal, en passant par Trois Rivières et Québec peuvent planter la pruche du Canada sans soucis pour le froid. En revanche, des plantations près du Saint-Laurent plus à l’Est auront un climat limite. Dans ce cas, il faudra protéger les jeunes plans lors de froids en deçà les -30 degrés Celsius.

Un conifère

Le port d’une pruche est tout semblable à une épinette ou un sapin, mais surtout en jeunesse. Il pousse en forme pyramidale; or, avec l’âge, les rameaux retombent sous leur propre poids. Il en va de même pour la tête, avec un tronc qui s’amincit en hauteur, celle-ci tend à plier à maturité. La forme irrégulière que prend l’arbre avec le temps est donc due à la mollesse de son bois et à la fragilité de ses rameaux. Aux extrémités des branches, les ramilles remontent vers le haut, ce qui donne aux rameaux matures une allure bouclée.

L’écorce, d’une épaisseur d’environ 1,3 cm, donne un motif de plusieurs teintes de brun et de rouge foncé. Fibreuse, ses écailles brunes laissent transparaître la couleur du rouge à travers ses fissures. Arbre de grosseur moyenne, la pruche du Canada peut atteindre les 18 à 25 mètres, rarement jusqu’à 30 mètres. Pour sa largeur, un spécimen mature devrait s’étendre sur environ douze mètres.

Les feuilles sont des aiguilles vertes et brillantes aplaties d’environ 1,5 cm de longueur. Les bouts sont ronds et ne piquent pas la peau au toucher. Le centre de chacune est ligné de blanc bleuté, ce qui donne une teinte plus brillante et claire au feuillage. Contrairement au sapin et à l’épinette où les aiguilles font le tour des rameaux, celles de la pruche du Canada sont disposées comme les barbes le sont sur la hampe d’une plume. Cet aspect pourra aussi permettre de faire une distinction avec la pruche de la Caroline, puisque les aiguilles partent dans tous les sens sur les rameaux de cette essence.

Les feuilles de la pruche du Canada sont des aiguilles aplaties aux extrémités arrondies

Les feuilles de la pruche du Canada sont des aiguilles aplaties aux extrémités arrondies

Les fruits et la faune

Les fruits de la pruche du Canada ne ressemblent en rien à ceux des autres conifères. Ils font penser à des cônes de houblon, à la différence que ceux de la pruche sont plus petits et bruns. Se trouvant au bout des branches où les écureuils iront les cueillir, ils sont enrobés de petites écailles légères et minces, mesurant à peine 2,5 cm de long. En forêt, l’arbre sert d’abris aux cerfs et aux ours et ses branches de nourriture pour certains mammifères. En ville, votre pruche attirera les oiseaux.

Conditions optimales

Une pruche a besoin d’être protégée du soleil et du vent. Dans un peuplement d’arbres déjà matures, avec quelques éclaircies, on trouvera dans son jardin le lieu idéal pour planter cet arbre qui aime la fraîcheur. Le peuplement l’aidera par ailleurs en le protégeant contre le vent, car, avec un enracinement superficiel et un bois fragile, les rafales peuvent l’abîmer. Il prospère dans une terre humide et fraîche, où il reconnaît son habitat naturel, près des cours d’eau. En revanche, une terre sèche et des excès de soleil le feront dépérir prématurément. Son sol idéal est aussi acide, meuble, sableux, et en retrais des contaminants comme le sel de déglaçage. Il est conseillé de faire une aération du sol annuelle ainsi que l’ajout de paillis. Ceci donnera une terre dont les nutriments sont plus faciles à absorber, tout en évitant que le système racinaire, déjà superficiel, ne grimpe en surface pour compenser contre le compactage.

Dans des conditions forestières idéales, des spécimens peuvent vivre plus de 600 ans, et certains témoignages affirment l’existence d’individus de plus de 50 mètres.

Élagage et entretien

D’entrée de jeu, la plantation d’une pruche du Canada doit être réfléchie. À l’ombre, à la fraîcheur et loin des polluants, il faut se faire à l’idée qu’il s’agit d’un arbre fragile, pour ne pas dire capricieux. De même, il faudra dorloter la pruche en prévoyant un endroit qui nécessitera le moins d’élagage possible. Avec une largeur de douze mètres, donc d’un rayon de six mètres, cette dernière mesure devrait donner des paramètres raisonnables, disons entre quatre et six mètres. On pourra alors se contenter de quelques élagages parcimonieux à l’aide d’un sécateur sur perche pour éviter les contacts avec les structures importantes comme les fils et la toiture de la maison. Habitué qu’il est à dégager le bas de sa couronne en forêt, un rehaussement par un arboriste pourrait dégager un trottoir ou redonner de l’espace à un jardin sans causer de dommages à l’arbre. Visez à ne jamais enlever plus de 20% de masse vivante pour éviter de causer des problèmes de santé à votre arbre.

Utilisations

On suggère la pruche du Canada comme arbre d’intimité et pour augmenter la verdure d’un jardin déjà peuplé d’arbres. Les arbres comme la pruche qui poussent à l’ombre ont leur raison d’être : ils peuvent combler un espace vide laissé en dessous d’arbres plus matures. Ces derniers sont des excellents arbres d’ombre, mais avec un tronc dénudé dans le bas, ils ne procurent pas d’intimité. Un spécimen planté entre deux érables matures sera heureux, et il saura, avec son feuillage dense, vous mettre à l’abri des regards. Réputé pour une pauvre résistance au vent, on ne l’utilise pas tel un arbre d’abri contre le vent, en revanche, on compte sur les structures ou les autres arbres pour l’en protéger.
Autrefois, on se servait d’extraits de pruche du Canada pour tanner le cuir. À ce jour, son bois sert pour la construction intérieure comme extérieure. Étant à faible absorption d’eau, il est utilisé pour du bois de grange et de quai. On vante aussi ses propriétés médicinales. Riche en acide ascorbique, des tisanes à base de ses rameaux et de son écorce ont servi à combattre le scorbut pour l’équipage de Jacques Cartier. Ses huiles essentielles sont toujours utilisées en aromathérapie et en naturopathie de même que dans l’industrie du parfum et des détergents.

Maladies

Depuis 1920, on observe un ravage dans les peuplements de pruche du Canada par le puceron lanigère de la pruche. À l’œil nu, les pucerons ressemblent à de la petite mousse blanche inoffensive, un peu comme des cocons miniatures de papillons. En réalité, les pucerons consomment la sève à même la base des aiguilles. Lorsque les pucerons sont trop nombreux, l’arbre perd ses ressources et dépérit. L’insecte est transporté par les oiseaux, mais aussi par les distributions d’arbres en pépinière. Les recherches se poursuivent pour trouver des solutions. Par exemple, le TreeAzin, conventionnellement utilisé pour stopper les larves de l’agrile du frêne, est présentement en traitement expérimental.

Sources

Després, Catherine, et Ariane Desjardins, Abécédaire des arbres de A à Z, Éditions Petite Fleur., 2019.
Farrar, John Laird, Les arbres du Canada, Les Editions Fides, 1996.
Innes, Louise et al., Principales maladies des arbres au Québec, Québec, Publications du Québec, 2006.
Pellerin, Gervais et Hydro-Québec, Répertoire des arbres et arbustes ornementaux: 1760 espèces et variétés de végétaux du Québec, Montréal, Hydro-Québec, 2010.
Williams, Michael D, Guide d’identification des arbres du Québec et de l’est de l’Amérique du Nord, Saint-Constant, Québec, Broquet, 2008.
https://ressources-naturelles.canada.ca/la-science-simplifiee/articles/combat-contre-un-ravageur-sauvage-et-laineux/24729 (consulté le 14 mars 2024).
https://www.ontario.ca/fr/page/pruche-du-canada (consulté le 14 mars 2024).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pruche_du_Canada (consulté le 14 mars 2024)
https://ru.wikipedia.org/wiki/%D0%A2%D1%81%D1%83%D0%B3%D0%B0_%D0%BA%D0%B0%D0%BD%D0%B0%D0%B4%D1%81%D0%BA%D0%B0%D1%8F (consulté le 14 mars 2024)

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Dominic Perugino

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