Le magnolia acuminé


02 Sep 2024

Magnolia acuminata ou arbre à concombre

Le magnolia est un arbre très répandu et très varié au Canada. Avec ses magnifiques fleurs et ses fruits curieux, il a été transformé en de nombreuses variétés horticoles pour des arbres à grosseurs différentes et des fleurs de toutes sortes de couleurs et formes. Sur 80 espèces, seulement huit sont indigènes de l’Amérique du Nord et seulement un est d’origine canadienne. Il n’est pas indigène du Québec, mais tout presque, sa répartition s’étend jusqu’aux rives du lac Ontario. Or, il faut mentionner un fait important, c’est que le magnolia acuminé est répertorié depuis 1984 comme essence menacée au Canada et protégé par la loi canadienne sur les espèces en péril. Certains organismes à but non lucratif se battent pour préserver l’essence sur ses territoires naturels. Par exemple, la North American Native Plant Society a acheté en 1993 un boisé peuplé de magnolias acuminatas, simplement pour en protéger la population.

Cherchant un magnolia qui serait plus rustique que les autres pour l’hiver québécois, on réalise vite que les choix sont limités. La plupart des variétés ne sont adaptées qu’à la région de Montréal, Laval et les banlieues adjacentes, avec des températures qui ressemblent de fait à celles des rives au nord du lac Ontario. En deçà les -23 degrés Celsius, les magnolias se montreront mal adaptés. Il existe des versions plus rustiques, comme le magnolia étoilé Royal Star, variété arbustive et non indigène de l’espèce.

Pourquoi cette essence parmi tous les autres ? Le fait qu’il soit en risque de disparition est très parlant. Le choix d’une essence ornementale à planter chez soi peut s’inscrire dans une participation au maintien de l’équilibre écologique. En plantant un magnolia acuminata, vous vous engagez implicitement dans la lutte contre la perte de l’espèce.

Maintenant, je dois vous avertir. Quand on parle de magnolia, tous s’imaginent des arbustes ou arbrisseaux qui ne font que cinq à huit mètres. Ce n’est pas le cas ici : l’acuminé peut prendre à maturité des proportions similaires à un érable ou un chêne. Avec une croissance lente, il peut atteindre plus de 25 mètres de hauteur et 11 mètres de largeur. On est loin des arbres à fleurs dont on est habitué! La cime de l’arbre sera pyramidale en jeunesse et conservera cet aspect, mais en prenant une allure un peu plus globulaire. La charpente est robuste avec de basses branches qui poussent perpendiculairement au tronc, alors que les branches plus près du houppier sont érigées. Gommant, les rameaux bruns dégagent une odeur épicée qui rappelle l’eucalyptus.

L’écorce de couleur bronze grisâtre est mince et est formée d’écailles qui laissent transparaître à leur jonction une couleur rougeâtre. On pourrait se méprendre avec l’écorce du frêne, couvrant un tronc droit, dénudé dans le bas et sans cicatrices. Les feuilles sont caduques, d’une couleur verte sur le dessus, et un peu plus pâle sur le revers. Elles sont grandes et font penser à des feuilles de marronnier, mais non dentées et plus pointues, mesurant 10 à 25 cm de longueur et 6 à 12 cm de largeur.

Les fruits, les fleurs et la faune

Un magnolia mature contribue grandement à la faune. Il nourrit les oiseaux picoreurs et les petits mammifères avec ses fruits tombés au sol. Dans son milieu naturel, le cerf de Virginie broute les jeunes branches et les bourgeons. De même, les fleurs attirent les abeilles, les coccinelles, les scarabées et les feuilles nourrissent les papillons.

L’intérêt du magnolia a toujours été les fleurs. Celles de l’acuminé sont présentes et aussi belles que celles de toutes les autres essences, mais un peu plus discrètes. Les pétales de cinq à huit centimètres de longueur forment des cloches de couleur jaune verdâtre. Dès que les feuilles ont fini de sortir au début du printemps, c’est le temps pour les fleurs de se manifester.

Le fruit du magnolia acuminé ressemble étrangement à un petit concombre rose ou rouge

Le fruit du magnolia acuminé ressemble étrangement à un petit concombre rose ou rouge

Plus tard, vers la fin septembre, les fleurs donneront leurs curieux fruits en forme de concombre qui passent du vert au rose et ensuite au rouge sang. Gousse plutôt de forme conique, les gens y voient une ressemblance visuelle au concombre, mais aussi pour la texture lisse. À maturité, les fruits changent d’aspect, laissant des graines odorantes oranges sortir de leur sein. Les oiseaux qui se nourrissent des graines contribuent à répandre la semence.

 

Conditions optimales

Rappelons que la rusticité du magnolia acuminé est assez faible pour le Québec. Si vous n’êtes pas dans un périmètre étroit avec Montréal et les banlieues, vous courez le risque de voir votre arbre ne jamais se réveiller un certain printemps. On le plante au soleil, dans une terre riche et bien humide. Une terre argileuse avec une aération annuelle et un ajout de paillis fera très bien l’affaire. Avec sa largeur de onze mètres, mieux vaut prévoir une bonne distance avec les structures. Un minimum de trois mètres, et, mieux encore, un cinq mètres et demi pour s’assurer qu’il n’entre pas en contact avec la maison ou les fils électriques. Ce faisant, on se prémunit contre les dommages aux infrastructures liés aux racines.

Ces proportions ne seront pas faciles à respecter, le milieu urbain montréalais étant ce qu’il est. On cherche des conditions optimales, on met toutes les chances de notre côté pour un arbre en bonne santé et qui vivra longtemps, mais il ne faut pas rester accroché à chaque détail. Par exemple, s’il manque d’espace pour former une distance avec les structures, un élagage bien fait pourra prévenir les problèmes.

Pour une rue passante, on opte pour la cour arrière, cette essence peut être sensible à la pollution et au sel de déglaçage. À vrai dire, les données manquent, car l’essence est trop peu répandue dans nos milieux urbains.

Élagage et entretien

Étant donné que la seule zone de rusticité du magnolia acuminé est, pour le Québec, la grande région de Montréal, il va de soi que des élagages devront avoir lieu. Avec tous les fils électriques et de télécommunication et avec le manque d’espace, il faut harmoniser l’arbre avec son milieu. Pour un arbre en meilleure santé, mieux valent de nombreuses interventions légères et bien visées. On peut alors analyser l’arbre et intervenir avant que les conflits d’espace n’aient lieu en faisant des coupes directionnelles. On prend des petites branches et, en fonction de leur direction, on les coupe avant qu’elles n’entrent en contact avec une structure une fois grosses. En sens inverse, si on attend trop longtemps, on intervient sur un arbre qui a déjà établi sa structure et on doit faire de plus grosses coupes. L’arbre doit alors modifier toute la gestion de ses ressources et travailler à compartimenter les ouvertures qui, tant qu’elles sont là, sont des points d’entrée pour les pathogènes.

Utilisation

Le bois est recherché pour son bois d’œuvre, mais il va de soi que ce n’est plus une option puisque l’essence est menacée. En revanche, il sert de porte-greffe pour de nombreuses variétés de l’espèce. Il est aussi utilisé pour la création horticole de nouveaux spécimens avec de nouvelles propriétés.

Si la plupart des magnolias se prêtent bien pour procurer de l’intimité, le magnolia acuminé est le seul qu’on utilise surtout comme arbre d’ombre. Pour un jardin absolument remarquable, nous vous suggérons de le planter accompagné d’un tulipier.
Maladies
Toutes les essences de magnolias sont reconnues comme ayant peu de problèmes pathologiques. Bien que la documentation entourant le magnolia acuminé soit maigre pour sa situation urbaine, rien ne permet d’en inférer autrement que pour les autres variétés.

Sources

Després, Catherine, et Ariane Desjardins, Abécédaire des arbres de A à Z, Éditions Petite Fleur., 2019
Farrar, John Laird, Les arbres du Canada, Les Editions Fides, 1996.
Innes, Louise et al., Principales maladies des arbres au Québec, Québec, Publications du Québec, 2006.
Pellerin, Gervais et Hydro-Québec, Répertoire des arbres et arbustes ornementaux: 1760 espèces et variétés de végétaux du Québec, Montréal, Hydro-Québec, 2010.
Williams, Michael D, Guide d’identification des arbres du Québec et de l’est de l’Amérique du Nord, Saint-Constant, Québec, Broquet, 2008.
https://www.ontario.ca/fr/page/magnolia-acumine (consulté le 8 mars 2024)
https://nanps.org/shining-tree-woods/ (consulté le 8 mars 2024)
https://nanps.org/ (consulté le 8 mars 2024)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Magnolia_acuminata (consulté le 8 mars 2024)
https://en.wikipedia.org/wiki/Magnolia_acuminata (consulté le 8 mars 2024)
https://ru.wikipedia.org/wiki/%D0%9C%D0%B0%D0%B3%D0%BD%D0%BE%D0%BB%D0%B8%D1%8F_%D0%B4%D0%BB%D0%B8%D0%BD%D0%BD%D0%BE%D0%B7%D0%B0%D0%BE%D1%81%D1%82%D1%80%D1%91%D0%BD%D0%BD%D0%B0%D1%8F (consulté le 8 mars 2024)

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Dominic Perugino

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