Le tulipier de Virginie

09 Nov 2021

Liriodendron tulipifera

Celui qui se cherche un arbre exotique veut généralement quelque chose de différent. On sait que les arbres indigènes comportent de nombreux avantages, en particulier pour la forêt urbaine, mais aussi pour la flore. Or, il existe des arbres, justement avec ce je-ne-sais-quoi de particulier, dont l’origine n’est pas si loin de chez nous. Originaire du sud de l’Ontario, de l’est des États-Unis, et se rendant aussi loin que le golfe du Mexique, le tulipier de Virginie apportera assurément à votre jardin l’originalité que vous recherchez.

Suivant la zone dans laquelle il se trouve, et selon les conditions du sol, un tulipier peut atteindre jusqu’à 36 mètres de hauteur. Avec les températures du Québec, les tulipiers n’atteignent généralement pas plus de dix mètres, pour une largeur de sept mètres. Son port se présente avec un aspect pyramidal, avec des branches ascendantes, mais pas tout à fait érigées. En regardant un spécimen mature, on remarque une curieuse tendance au tulipier à former des branches courtes par rapport au tronc, mais, par sa largeur, on s’attendrait à de longues branches majestueuses. Les rameaux gardent une apparence de jeunes pousses avec une écorce luisante qui contraste avec l’écorce crevassée et rugueuse du tronc. Ce contraste est d’ailleurs amplifié par la présence d’une poudre grise dans les crêtes de l’écorce qui teinte le brun comme si un enfant l’avait décoré avec de la craie. Avec l’âge, les branches seront plutôt pendantes qu’ascendantes, accomplissant ainsi un port qui passe du pyramidal à l’ovoïde, presque rond, avec un tronc droit comme s’il avait été tracé à l’équerre et au niveau.

Mais le charme du tulipier est ce qui lui confère son nom : ses feuilles et ses fleurs. La feuille sera large et formée de quatre lobes pointus. À s’y méprendre, on jurerait avoir devant les yeux des feuilles de tulipes.

En été, elles sont vertes, et en automne, elles sont jaune dorée. Les fleurs odorantes, pour leur part, sont simples, ce qui ajoute à la ressemblance aux tulipes communes.

Elles mesurent environ cinq centimètres et imitent très bien la forme de la tulipe. Pour ajouter à l’enchantement de leur forme et à la coloration jaune orangé des pétales, les colibris viendront visiter votre tulipier pour se nourrir du nectar. La floraison arrive habituellement en juillet.

Les fruits et la faune

En tant qu’arbre fleurissant, ce sont surtout les fleurs qui intéressent la faune. Le tulipier est en effet un excellent pollinisateur, attirant entre autres les abeilles.

Cela n’empêche pas toutefois les fruits, des samares en cônes allongés, sans intérêt esthétique, d’attirer les oiseaux et les petits mammifères pour s’en nourrir. Mis à part ses fruits qui persisteront pendant l’hiver, les jeunes rameaux sont une source de nourriture pour les chevreuils.

Conditions optimales

Un tulipier préfère le soleil à l’ombre, mais peut très bien s’accommoder à une situation mi-ombre. Puisqu’il est habitué à des zones plus chaudes, il faut rester, pour ce qui est du Québec, dans un rayon de 100 km avec Montréal. N’étant pas assez rustique pour les zones au-delà du 5b, le tulipier pourrait ne pas se remettre des hivers des villes plus froides. Les jeunes plants auront besoin d’une protection pour traverser l’hiver, on suggère donc de le recouvrir d’une simple toile de jute. Du reste, on cherchera à donner au tulipier une plantation plus loin du sel de déglaçage et de la pollution, tout en évitant le compactage. Il préfère une terre bien humide, l’arrosage doit ainsi s’imposer lors de sécheresses.

Élagage et entretien du tulipier

Avec ses rameaux qui restent relativement courts, il est possible de s’en tirer avec un entretien minimal. En effet, la longueur des rameaux est souvent ce qui cause l’interférence avec les structures urbaines. Or, avec sa faible rusticité, le tulipier ressortira des hivers bien souvent avec du bois mort. Celui-ci, n’avertissant pas avant de tomber, doit nécessairement faire l’objet d’un élagage pour assurer la sécurité.

Maladies

Comme bien des arbres, le tulipier est sensible à la verticilliose, champignon pathogène qui affecte le centre du bois et des branches. C’est généralement lors de l’élagage que la couleur verte est aperçue, à la coupe des branches. Malheureusement, cette maladie est sans traitement. On note aussi une sensibilité aux pucerons, lesquels peuvent être repoussés si l’on empêche les fourmis de s’installer.

Sources :

• Després, Catherine, et Ariane Desjardins, Abécédaire des arbres de A à Z, Éditions Petite Fleur., 2019.
• Dumont, Bertrand, Des arbres pour les jardins paysagers: sélection, plantation et entretien faciles, 2015.
• Farrar, John Laird, Les arbres du Canada, Les Editions Fides, 1996.
• Pellerin, Gervais, et Hydro-Québec, Répertoire des arbres et arbustes ornementaux: 1760 espèces et variétés de végétaux du Québec, Montréal, Hydro-Québec, 2010.
• Williams, Michael D, Guide d’identification des arbres du Québec et de l’est de l’Amérique du Nord, Saint-Constant, Québec, Broquet, 2008.