L’orme d’Amérique
15 Mar 2022
Ulmus americana
Rustique et indigène du Québec, l’orme d’Amérique était autrefois omniprésent dans nos rues et dans nos parcs. Étant l’arbre le plus majestueux de son espèce, sa résistance aux conditions urbaines et la dureté de son bois en avaient fait un arbre de choix pour orner nos grandes villes. Avec la maladie hollandaise de l’orme, cependant, l’arbre a presque disparu de notre paysage québécois. L’espoir n’est toutefois pas éteint, la ville de Québec a réussi, elle, à mettre sur place un plan d’interventions régulières et macroscopiques qui prévient et intervient pour maintenir son patrimoine naturel. De plus, les arbres qui ont naturellement survécu montrent une résilience accrue contre la maladie, en plus de la découverte de certains cultivars prometteurs pour leur résistance. Mère nature n’a pas encore dit son dernier mot !
Un majestueux parasol
L’orme d’Amérique peut atteindre entre 25 et 35 mètres de hauteur, ce qui en fait l’un des plus grands arbres du Québec. Sa largeur peut atteindre près de 20 mètres. Il s’agit d’un arbre à croissance rapide, dont la cime prend une forme large et plate en hauteur. En effet, une fois mature, il est facile de le reconnaître au loin, car on dirait un énorme parasol. C’est par ailleurs un de ses attributs de choix, car, hormis l’aspect esthétique de cette forme, l’arbre donne une ombre bien désirée en région urbaine, tout en laissant avec aisance le passage en dessous.
Le tronc est droit, mais rapidement interrompu par une séparation en deux à trois fûts secondaires. Ce sont ceux-ci qui s’écarteront jusqu’au houppier pour donner la fameuse forme de parasol. Son écorce est grise, fissurée et marquée de larges plaques.
Les feuilles de l’orme d’Amérique se distinguent aisément de celles de son cousin de Sibérie. Elles sont larges (10 à 15 centimètres de longueur), ovales, asymétriques et dentées, alors que celles de l’orme de Sibérie, plus présent puisque non vulnérable à la maladie hollandaise, sont beaucoup plus petites (2 à 7 centimètres de longueur). Son feuillage est dense, ce qui contribue à procurer de l’ombre. En été, celui-ci est vert foncé, en automne, il devient jaune.
Les fruits et la faune
Les fleurs sont sans intérêt esthétique. Les samares sont de petits disques d’à peine un centimètre de longueur. À maturité, avec de la distance, on n’arrive pas même à les apercevoir. Sa consommation animale n’est que peu reconnue, mais il y existe d’anciennes pratiques médicinales à partir des feuilles et des samares…
Conditions optimales
L’orme américain, aussi appelé orme blanc, préfère le plein soleil pour se développer, mais il peut tolérer un peu d’ombre. Le sol devrait être d’un taux d’humidité de moyen à élevé. Avec son enracinement superficiel et envahissant, la plantation est facile. Il tolère bien le compactage et le sel de déglaçage.
Élagage et entretien
La taille de formation est toujours de mise, mais une mention particulière est nécessaire pour cette espèce : la division en fûts secondaires peut certes donner un aspect majestueux, mais il faut aussi prévoir l’espace. Si l’on ne veut pas que la cime atteint 20 mètres de largeur à hauteur d’homme, mieux vaut tailler l’arbre en jeunesse pour privilégier un seul tronc. De croissance rapide, l’arbre sera capable de s’adapter à des élagages réguliers. Du reste, on demande à un expert d’harmoniser l’arbre avec les structures et on respecte les règles de l’art. Une inspection régulière contre la maladie hollandaise sera également nécessaire pour prévenir la perte rapide de cet arbre.
Maladies
La maladie hollandaise de l’orme continue de sévir. Il s’agit d’une combinaison entre un insecte et un champignon, ce qui rend la lutte particulièrement difficile. En un rien de temps, les arbres dépérissent sous nos yeux, ce qui est particulièrement triste dans le cas de forêts entières. L’élagage des branches infectées, de même qu’une injection régulière, sont nécessaires pour maintenir ces arbres en vie, et ce, dans un effort concerté sur un territoire élargi. Autrement, l’interaction entre le champignon et l’insecte rend les efforts vains pour ceux qui combattent de manière solitaire.
Bibliographie
- Bertrand, Dumont. Guide des arbres, arbustes et conifères pour le Québec. Broquet, 2005.
- Farrar, John Laird. Les arbres du Canada. Les Editions Fides, 1996.
- (forester.), Michael D. Williams. Guide D’identification des Arbres du Québec et de L’est de L’Amérique du Nord. Broquet, Incorporated, 2008.
- Hodgson, Larry. Arbres. Saint-Constant, Qc: Broquet, 2012.
- Langlais, Guy. La taille des arbres ornementaux. Saint-Constant, Qc: Broquet, 2002.
- Marie-Fleurette, Beaudoin, Gaudet Martin, Rocray Pierre-Émile, et Michel Labrecque. Les arbres de Montréal. Fides, 1997.
- Pellerin, Gervais, et Hydro-Québec. Répertoire des Arbres et Arbustes Ornementaux: 1760 Espèces et Variétés de Végétaux du Québec. Gouvernement du Quebec, publications vendues, 2010.
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BONJOUR, Un petit orme est apparue SOUDAINEMENT DANS MA COUR . Je l’ai transplanté et il se porte bien. J’ai même trouvé une autre repousse hier et je compte le transplanter au centre de ma cour qui elle est assez grande. Considérant tout ce que je viens de lire sur la maladie hollandaise de l’orme ais-je bien fait? Je le trouve tellement beau! J’ai perdu un frêne et je le vois à ce moment avec sa silhouette dépouillée de mon bureau et que je devrai le faire couper cet hiver. Donc,je ne voudrais pas avoir à poser le même geste pour mon futur orme! Autre conseil: Connaissez-vous une plante du nom de carotte sauvage (wild carrot) On me dit qu’il n existe aucun produit pour la détruire.Est-ce vrai? Je suis envahie et en ce moment c’est la floraison je ne sais plus plus quoi faire
Merci infiniment pour vos conseils
Electa Baril,Verdun.
Tout dépend de la variété d’orme. Si vous avez un orme de Sibérie, il ne sera pas affecté par la maladie hollandaise. C’est pour l’orme américain qu’il y a une vulnérabilité. Quoi qu’il en soit, il vaut mieux préserver les pousses qui apparaissent, cela permet au moins à l’essence d’avoir une chance de survie. Je ne connais pas la carotte sauvage.
Je connais deux personnes qui ont «guéri» leur orme de la maladie hollandaise en plantant un sureau (lequel, ce serait à vérifier), donc un voisin, sur les racines de l’orme en question. Apparemment ça ne nécessite pas n’intervention supplémentaire. C’est un concept dont vous avez entendu parler? Merci!
C’est la première fois que j’en prend conscience, mais je vais vérifier si je peux appuyer cette anectode avec des faits.